Le Tour de France 2024, une édition de l’inédit et sans temps mort
De son début à Florence à son arrivée inédite à Nice, le Tour 2024 s’annonce très dur et plein de nouveautés.
- Publié le 26-10-2023 à 06h57
On sait de manière certaine à quoi va ressembler le tracé du 111e Tour de France. Une édition exceptionnelle à plus d’un titre. Pas uniquement parce qu’un Belge, Remco Evenepoel pour ne pas le nommer, devrait se présenter au départ dans la peau d’un des principaux favoris à la succession de Jonas Vingegaard, mais c’est une autre histoire.
Une édition de nouveautés
Ce Tour 2024 s’annonce surtout hors norme parce que, pour la première fois, il partira d’Italie, le dernier grand pays voisin de la France et onzième État étranger à accueillir un Grand Départ, le 26e hors des frontières hexagonales et le troisième à la suite. Cent ans après la première victoire d’un coureur transalpin, Ottavio Bottecchia, dix ans après la dixième et dernière, Vincenzo Nibali, le Tour démarrera de Florence.
Plus exceptionnel encore, pour la première fois depuis sa création en 1903, il ne trouvera pas son épilogue à Paris. La proximité des Jeux olympiques dans la capitale française, dont la cérémonie d’ouverture est prévue cinq jours après l’arrivée du Tour, a contraint ASO à délocaliser l’arrivée de la Grande Boucle.
Pour la première fois également depuis le légendaire duel Greg LeMond – Laurent Fignon, la course au maillot jaune se terminera par un contre-la-montre. À moins que les écarts entre les différents prétendants ne soient scellés, tout pourra donc encore basculer sur la Riviera.
Au rayon des nouveautés en voici une autre. Celle qui mènera les coureurs de la Grande Boucle sur les chemins blancs des vignobles de l’Aube, autour de Troyes. Quatorze secteurs empierrés offriront incertitude, inconnue, stress et peur mais surtout du sport dans la finale de la 9e étape. Pour une fois, les hommes s’aventureront sur un terrain que leurs collègues féminines ont, elles, découvert en 2022 déjà !
Ça va partir très fort
À ce moment, le Tour 2024 aura déjà connu plusieurs temps forts. Comme les deux premières étapes, en Toscane et en Emilie Romagne, promises aux baroudeurs et puncheurs avec 3 600 mètres de dénivelé le premier jour, par exemple. De quoi appâter Wout van Aert et quelques autres…
Dès la 4e étape, les coureurs franchiront deux premières fois (quatre autres suivront avant la fin du Tour) la barrière symbolique mais aussi physiologique pour beaucoup des 2 000 mètres d’altitude avec les montées de Sestrières et du Galibier, précédé de l’interminable Lautaret.
”Jamais le Tour de France n’est monté aussi haut (2 645 mètres) aussi tôt”, constate Christian Prudhomme.
Le lendemain, le Tour quittera les Alpes pour une boucle de deux semaines avant d’y revenir lors de la 17e étape pour un final en feu d’artifice. Les sprinters chercheront alors à profiter des occasions que le tracé leur offrira après celle qu’ils auront déjà obtenue le lundi 1er juillet à Turin au terme de la plus longue étape de cette édition.
Le Tour à la mode gravel
Au septième jour, ce sont les grands crus des vins de Bourgogne qui vont rythmer le premier des deux contre-la-montre. Vingt-cinq kilomètres plutôt plats et favorables aux rouleurs, mais avec une côte dans la finale, il y aura de quoi s’enivrer entre Nuits-Saint-Georges et Gevrey-Chambertin.
Suivra donc la 9e étape, Troyes-Troyes, en point d’orgue de la première semaine. Si le Tour n’aura pas profité de son départ en Toscane pour s’échapper sur les routes blanches des Strade Bianche, il les découvrira dans les vignobles de l’Aube.
”Il y aura 32 kilomètres répartis en 14 secteurs dont six dans la finale, qui plongeront les coureurs dans la poussière et les petits cailloux”, dit Prudhomme.
Or, la route qui mène à la victoire au Tour s’apparente au chemin pris par le Petit Poucet pour échapper à l’ogre du conte. Celui de la Grande Boucle recense vingt et une stations qui, toutes, peuvent réserver leur lot de surprises et d’incidents plus ou moins graves.
Prenez la 10e étape, vers Saint-Amand-Montrond, la ville natale de Julian Alaphilippe. Elle a tout d’une étape pour sprinters comme l’était apparemment celle de 2013 gagnée d’ailleurs par Mark Cavendish mais au terme d’une fameuse partie de manivelles car le vent avait fait exploser le peloton en de nombreuses portions et retardé plusieurs favoris. Cette fois, outre celle-ci, c’est la 16e étape vers Nîmes qui pourrait aussi s’emballer à cause du mistral.
Massif central et Pyrénées en condensé
Peu après la mi-Tour, voici le Massif central et le genre d’étape que les dirigeants d’ASO affectionnent. Elles sont moins prévisibles et souvent beaucoup plus spectaculaires, convenons-en, que celles de haute montagne avec quatre ou cinq cols où tout se passe généralement dans la dernière ascension.
L’arrivée au Lioran ravivera le souvenir du doublé (étape et maillot jaune) de Greg Van Avermaet en 2016. La finale est ardue avec, entre autres difficultés, le pas de Peyrol. “C’est du lourd, les mecs sautent par l’arrière, tellement il est dur”, dit Richard Virenque qui y avait distancé, il y aura bientôt vingt ans, Axel Merckx pour filer vers sa dernière victoire d’étape au Tour.
En fin de deuxième semaine, le Tour ne vivra que deux étapes dans les Pyrénées, mais elles pourraient compter, la 14e, qui finit au Pla d’Adet compte 3 900 mètres de dénivelé dont ceux du Tourmalet, la 15e, qui arrive au Plateau de Beille (succès de Jelle Vanendert en 2011), en totalise 4 850 !
Un final de tous les dangers
Ce n’est pourtant pas le dénivelé le plus condensé du Tour 2024 car les 4 600 mètres, sur 145 km seulement, de la 19e étape, pèseront très lourd, eux aussi.
Ce jour-là, dans le premier des trois terribles derniers volets, la course franchira trois fois les 2 000 mètres avec le col de Vars, mais surtout la Cime de la Bonette (la plus haute route asphaltée de France avec 2 802 mètres d’altitude) avant la montée finale vers Isola 2000.
Le lendemain, veille de l’arrivée, on pourra se croire sur Paris-Nice avec une étape trouvant son terme au col de la Couillole, après les ascensions des cols de Braus (que le Tour n’a plus revu depuis 1961 après y être monté à 27 reprises), du Turini et de la Colmiane.
Mais que dire de la dernière étape, entre Monaco et Nice, deuxième chrono individuel. Il présente un tracé athlétique avec onze kilomètres d’ascensions (la montée de la Turbie puis celle, partielle, du col d’Eze), un peu plus de descente et autant de partie plate pour une arrivée en bordure de la Baie des Anges aussi spectaculaire que celle sur les Champs-Élysées après un ultime aller-retour sur la promenade des Anglais.
Les 21 étapes du 111e Tour de France
- 29/06 > Florence (Ita) – Rimini, 206 km.
- 30/06 > Cesenatico – Bologne, 200 km.
- 1/07 > Plaisance – Turin, 229 km.
- 2/07 > Pinerolo – Valloire (Fra), 138 km.
- 3/07 > Saint-Jean-de-Maurienne – Saint-Vulbas, Plaine de l’Ain, 177 km.
- 4/07 > Mâcon – Dijon, 163 km.
- 5/07 > Nuits-Saint-Georges – Gevrey-Chambertin, 25 km (CLM indiv.)
- 6/07 > Semur-en-Auxois – Colombey-les-Deux-Eglises, 176 km.
- 7/07 > Troyes – Troyes, 199 km.
- 8/07 > Repos à Orléans.
- 9/07 > Orléans – Saint-Amand-Montrond, 187 km.
- 10/07 > Evaux-les-Bains – Le Lioran, 211 km.
- 11/07 > Aurillac – Villeneuve-sur-Lot, 204 km.
- 12/07 > Agen – Pau, 171 km.
- 13/07 > Pau – Saint-Lary-Soulan Plat d’Adet, 152 km.
- 14/07 > Loudenvielle – Plateau de Beille, 198 km.
- 15/07 > Repos à Gruissan.
- 16/07 > Gruissan – Nîmes, 187 km.
- 17/07 > Saint-Paul-Trois Châteaux – Superdévoluy, 178 km.
- 18/07 > Gap – Barcelonnette, 179 km.
- 19/07 > Embrun – Isola 2000, 145 km.
- 20/07 > Nice – Col de la Couillole, 133 km.
- 21/07 > Monaco – Nice, 34 km (CLM indiv.)